* Coutumes locales

L’évaluation du patrimoine culturel a été menée par le département d’Ethnologie et d’Anthropologie culturelle de l’Université de Zagreb. Il s’agit de recherches sur le patrimoine culturel et les traditions des trois villages interethniques d’Islam Grčki, Islam Latinski et Kašić. Les principaux thèmes sont : l’architecture traditionnelle, les ressources énergétiques traditionnelles et leurs utilisations, les pratiques agricoles, les structures de communication dans la région de Ravni Kotari, le commerce, la vie sociale, la cuisine et la médecine traditionnelles. Ces résultats sont évalués par rapport à leur utilisation dans la revitalisation des villages. Les habitants présents ou encore en exils sont et seront associés aux recherches.

Six étudiants en quatrième année d’études d’Ethnologie et d’Anthropologie culturelle ont déjà participé à ces recherches, menés à : Islam Grčki, Islam Latinski (et les deux hameaux de Grgurice et Rupalj), Kašić, Smilčić et Podgradina. Les premiers travaux furent conduits début novembre 2005 et ont duré sept jours. Chaque étudiant a choisi son propre thème et a mené ses recherches, guidé par un coordonnateur.

La technique de l’interview était utilisée dans les recherches et les étudiants ont pu discuter avec plus de 50 habitants. Environ 250 heures de conversation ont été enregistrées.

[Interview d’habitants réalisée par des étudiants]

Les thèmes de recherches furent les suivants : les modes d’architecture traditionnels, les ressources énergétiques traditionnelles et leurs utilisations (moulin à eau…), la cuisine locale, la médecine traditionnelle (guérison par les plantes, hygiène), la tradition de chasse sans utiliser d’armes à feu, l’agriculture traditionnelle, l’approvisionnement en eau et l’irrigation, la culture de l’olive et du raisin, les fêtes religieuses annuelles (Pâques, Noël, jours saints…)

[Smokvenjak, pâtisserie faite de figues]

[Distillation d’une boisson alcoolisée, la rakija]

 

Pendant la dernière guerre, les deux villages se sont retrouvés juste sur la ligne de front entre les rebelles de Krajina et l’armée croate, et ont par conséquent énormément souffert de cette situation. Pendant presque quatre ans, la population a vu se battre les deux armées et fut exposée à toutes les souffrances de la guerre. Les villages furent partiellement démolis. Alors que la plupart des Croates sont revenus après la guerre, les villageois d’origine serbe sont aujourd’hui toujours en exil. Une partie de la population a fui en Bosnie-Herzégovine, en Serbie ou dans d’autres régions des Balkans, tandis que d’autres se sont dispersés dans toute la Croatie, chez des parents et amis, survivant grâce à des emplois précaires.

Les objets culturels ont été photographiés (création d’une archive de plusieurs centaines de photos numériques), et les anciens documents et photographies des familles ont été scannés pour pouvoir être réutilisés dans des recherches futures.

[Architecture traditionnelle]

Après être rentrés à Zagreb, les étudiants ont présenté leurs résultats aux autres membres du projet Mostovi. Pendant l’hiver, ils ont retravaillé sur le matériel qu’ils avaient collecté : retranscrire les interviews, les comparer, les analyser et les synthétiser ; repérer les informations manquantes et les noter pour de futures recherches.

Une seconde phase de recherche fut menée en avril 2006 lorsque deux étudiants en Histoire ont rejoint le groupe des étudiants en Ethnologie. Ceux-ci ont actualisé et corrigé les données collectées lors de la première phase de recherche, selon le thème qu’ils avaient choisi. Les étudiants en Histoire ont fait des recherches sur les toponymes de la région. Ils se sont entretenus avec les habitants et ont comparé les informations avec les données des cadastres du 18ème siècle obtenus aux archives nationales de Zadar. Le groupe d’étudiants s’est entretenu cette fois avec plus de 60 personnes. Les résultats de leurs recherches seront publiés prochainement.